La pratique religieuse


A. Le contexte intellectuel.

de-maistreLa Restauration renaît de la ruine de la Révolution. Alors qu’au XVIIIème siècle, l’aristocratie était voltairienne (dont les futurs Louis XVIII et Charles X), voulant rationaliser l’illustre monarchie. Les dégâts révolutionnaires sur la religion provoquent une réaction spirituelle de la part de l’aristocratie grâce à Joseph de Maistre, Louis de Bonald et François-René de Chateaubriand. Ce dernier inaugure le romantisme et sa réaction contre le rationalisme en France, avec le Génie du Christianisme.

En France, sous l’Empire des jeunes hommes catholiques s’organisent dans une société secrète : « les chevaliers de la foi », préparant le climat royaliste et religieux à la chute de l’empire. Ils se retrouveront dans la chambre introuvable (1816).

« Le trône de Saint-Louis sans la religion de Saint-Louis est une supposition absurde ». Chateaubriand.

– La Révolution a voulu déchristianisé la France en profondeur, en causant une guerre civile. N’oublions pas que notre première constitution fut celle du clergé. Napoléon comprenant que la religion est un moyen pour souder le peuple, signe avec le Pape, un concordat remettant de l’ordre dans les affaires religieuses. Ce pendant, l’Etat est laïc, le divorce est reconnu par exemple. L’Etat s’occupe des affaires ecclésiastiques, en nommant, les évêques et les curés.

Il n’avait pas volonté de rechristianiser la société, puisque les jours de chôme, sauf le dimanche était supprimés avec Noël, l’ascension, l’assomption et la Toussaint. L’enseignement supérieur n’était plus assuré par les religieux mais par l’Etat, qui avait pour but de former une élite de fonctionnaires et de militaires. Et enfin, l’humiliation de Pie VI choqua les catholiques. Tous ces facteurs rendirent les catholiques, ultramontains.

B. L’effort fait sous la Restauration.

La chartre constitutionnelle assure que le catholicisme est religion d’Etat. L’ordonnance du 10 juin 1814 facilite les dons aux établissements ecclésiastiques, celle de 1815 permet aux évêques d’ouvrir une école ecclésiastique, puis l’université aux mains du clergé. Le 18 décembre, le repos dominical supprimé sous la Révolution, redevient sacré.

Grâce au concordat de 1801 qui ne fut pas aboli, la monarchie nomme des évêques voués à sa cause. Généralement, ces évêques furent dévoué à leur cause et consciencieux : « En toute vérité, on peut dire que la France n’a jamais eu des pasteurs plus édifiants et plus vertueux » le nonce Macchi, 1826.

La Restauration n’a pas failli à sa tâche pour le recrutement des curés. Sous la Révolution, la situation est catastrophique. Entre 1790 et 1802, l’ordination fut suspendu, sous l’Empire c’est de l’ordre de 350 à 500 soit 10 ou 15 fois moins que sous l’Ancien Régime. En 1816, Chateaubriand craint la disparition des curés. La Restauration a permis un redressement sans précédent de la prêtrise, du en partie à un budget favorable aux curés.

Les nouvelles recrues sont beaucoup moins cultivées et instruites que celles de l’Ancien Régime. « Autrefois, le clergé était à la tête de la société par ses lumières. Jamais depuis bien des siècles, le clergé pris en masse, n’avait été aussi si ignorant qu’aujourd’hui, et jamais, ce pendant la vraie science n’a été plus nécessaire. Lamennais ; 1828.

Nous pouvons l’expliquer par différentes raison. Tout d’abord ces nouveaux curés furent instruits dans la méfiance du progrès et des nouveautés. Secondement, les séminaires furent pillés et les livres brulés sous la Révolution Le recrutement se fait moins élitiste.

La Restauration voit aussi les œuvres pour évangéliser les campagnes et les villes, avec les maristes, oratoriens, lazaristes, jésuites, et les Oblats crée par Mazenod. Les missionnaires, pour reconvertir les français parodiant les chants révolutionnaires, pour en faire des chants religieux. Les missionnaires pour reconvertir, donnaient place à des grandes cérémonies religieuses, amende honorable pour les fautes privées, pardon des injures et réparation sur les places publiques. Ils firent renouveler les vœux du baptême, consécration à la Vierge, procession dans les cimetières et prêches parlant de la mort et de l’enfer. Cela eut des effets, les communions, confessions et présence à la messe furent plus présentes. Un des représentants de cette époque, et sans aucun doute, le curé d’Ars, Jean-Marie Vianney.

Nous voyons réapparaître un renouveau religieux, perçu dans les ex-voto où le XIXème siècle est le siècle d’or. Ce pendant, contrairement aux autres siècles, la place pour la dévotion rétrécit.

Le renouveau religieux fut surtout présente pour les femmes, en effet beaucoup de jeunes filles de bonnes familles, rentrèrent au couvent, trouvant plus de liberté qu’en étant femme placé sous la domination de l’homme, depuis le code Napoléonien. Nous voyons une féminisation de la religion, où 55% des femmes composaient les confréries.

Mais, la revangelisation chez les français n’est pas à la hauteur des espérances. En effet, la pratique superstitieuse dominait largement.

Pour ce qui est des autres religions, les protestants et les juifs gardèrent leur liberté religieuse comme la Charte le prévoit. Des protestants sont bien assimilés dans la fonction publique, comme Guizot. Le protestantisme connaît un renouveau spirituel au XIXème siècle et avait un réseau social, avec des écoles, des congrégations de charités…

En 1818, le régime d’exception pour les juifs d’Alsace, de 1808 prit fin et devinrent des citoyens français à part entière. L’arrivé de Rothschild à Paris et son aide aux ministres de la finance permit à sa famille et à d’autres juifs de prendre des positions confortable dans la vie économique de la nation.

– Bien qu’il y ait une légère rechristianisassions de la société, la Restauration ne permit pas complètement ; et au fur et mesure des régimes passant, la déchristianisation avança. Ce pendant, le renouveau religieux au XIXème siècle, fut permis par la Restauration. En outre, la liberté religieuse fut respectée bien que le catholicisme fut encouragé.

C. La religion sous la Monarchie de Juillet.

1. Relation entre l’Etat et la Religion

La prise de pouvoir de Louis-Philippe Ier ne ressemble à rien à celui du sacre prestigieux des rois de France. Ni crucifix, ni Bible ne sont présents à sa prise en fonction. Ce pendant, Dieu est cité lors de sa déclaration de fidélité à la Charte : « En présence de Dieu, je jure d’observer fidèlement la Charte constitutionnelle avec les modifications exprimées dans la déclaration ; de ne gouverner que par la loi : de faire rendre bonne et exacte justice chacun son droit, et d’agir en toutes choses dans la seule vue de l’intérêt du bonheur et de la gloire du peuple français.

C’est plutôt un Dieu, déiste que catholique. Louis-Philippe est conscient qui règne au milieu d’un peuple parisien largement déchristianisé depuis la fin du XVIIIème siècle et ne supportant pas les excès cléricaux de Charles X. Le début du règne est marqué par un anticléricalisme virulent  contre le clergé, le culte catholique et les croix de mission. L’archevêque de Paris a du s’en fuir, car attaché à Charles X. Des pièces de théâtres sont tournées à connotation anticléricales Guizot est scandalisé car il voit une atteinte à la liberté religieuse.

Le 15 août, le roi enlève le culte catholique à Sainte-Geneviève, pour remettre le culte païen sous la Révolution, en le renommant Panthéon.

Le 14 février 1831, des légitimistes commémorent à Paris la mort du duc de Berry. Cela provoque le mécontentement des anticléricaux qu’ils pillent les églises. Le gouvernement ne voulant pas avoir d’ennemis à gauche, arrête les prêtres et les carlistes.

Ce pendant, le régime se montrera plus favorable au catholicisme, paradoxalement grâce au protestant Guizot. Celui-ci accorde par la loi de 1833 la liberté d’éducation aux clergés pour les petites écoles et l’obligation aux communes d’avoir au moins une école. Il espère conserver la société actuelle.

Enfin, en 1838, le roi Louis-Philippe érige l’évêché d’Alger et recevra de la part du pape Grégoire XVI, le titre « le Roi Très Chrétien ».

Pour montrer l’ambigüité du régime, sur la religion, nous pouvons voir une non-laïcisation (le concordat reste de vigueur) sur les pièces de cette époque, sur l’arrêt, il est marqué « Dieu protège la France », qu’il le sera jusqu’en 1905.

2. Les mouvements catholiques.

Juste au début de la monarchie de juillet né en France le catholicisme libéral et le libéralisme catholique, à ne pas confondre. Le second prône Dieu et la liberté, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, voyant dans le concordat une domination de l’Etat sur l’Eglise. Ces représentants sont Lamennais et Lacordaire, ils relativisent assez les dogmes catholiques et donneront les premiers socialistes chrétiens. Les catholiques libéraux prônent la liberté afin de permettre aux catholiques d’existaient politiquement. La figure dominante est Montalembert. Il veut la liberté d’enseignement, de suffrage, de conscience et religieuse. Il est anti absolutiste et antidémocrate, mais favorable à une représentation politique. Pour lui l’âge d’or de la représentation est l’époque médiévale. Il trouve que la liberté est morte en 1789. Tous les trois collaborent dans la revue « Avenir »

Ces courants sans distinctions furent condamnés par le pape Grégoire XVI, dans l’encyclique de 1832 « Maris vos »

La Restauration et dans une moindre mesure, la Monarchie de Juillet la France se rechristianise après les dégâts révolutionnaires. Mais elle touche plus une population rurale et féminine. Ce pendant les grandes dévotions et conversions se font après les apparitions mariales de 1830 à Paris, à la rue du bac et à La Salette en 1846.

Bibliographie :

Bertier de Sauvigny, La Restauration, le club

Guy Antonnetti, Louis-Philippe le club

Pierre Milza et Serge Berstein, Histoire du XIXème siècle, Hatier, 2006

Pierre Albertini, la France du XIXème siècle, Hachète, 2000

François Huguenin, le conservatisme impossible, la table ronde, 2006

Liens.

http://www.19e.org/documents/colonies/evechealger1838.htm

http://lumiere101.com/2008/12/16/anne-bernet-les-apparitions-du-xixe-siecle-et-leur-contexte-politique-et-social/